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Israël, carnet de bord & reportages
17 mars 2012

Le comédien dell’ar…mée

L’artiste israélien Yuda Braun parcourt depuis 2009 Israël et les Territoires Palestiniens en uniforme de combat totalement blanchi. Une manière de questionner les habitants sur leur environnement et d’extérioriser son propre passé.

« L’art vaincra où la politique a échoué ! » lance Yuda Braun à propos du conflit israélo-palestinien. Depuis trois ans, cet artiste de 27 ans se barbouille régulièrement le visage et se teint les cheveux en blanc. Il revêt son ancien uniforme de soldat monochrome, dégaine son M16 en plastique et va « patrouiller » dans les rues de Jérusalem, d’Israël et des Territoires Palestiniens. Des performances qu’il réalise pour « confronter les gens à la complexité de leur environnement et à l’absurdité d’un quotidien façonné par la peur. »

Le soldat arpente les rues, le visage grave et sérieux, ou se poste contre un mur, l’arme factice au poing. « Je ne parle que très rarement », précise-t-il. « Le dialogue est  basé sur les émotions. » Les passants l’observent, rient, prennent des photos. Certains le suivent, d’autres s’énervent. Côté palestinien, ils s’interrogent. « Etes-vous de notre côté ? Etes-vous un soldat de la paix ? Pourquoi avez-vous une arme ? » Yuda ne répond pas, pour les laisser réfléchir. « Les forces de l’ordre sont les plus apathiques » s’amuse-t-il. Provocateur, il leur demande parfois une pièce d’identité et les surprend d’un « Qui est le vrai soldat ici ? »

Dans les rues, les restaurants, les bus, les jeunes militaires, mitraillettes en bandoulière, sont partout. Des silhouettes vertes qui ne questionnent plus et qui, aux yeux de Yuda,  symbolisent la violence de la vie quotidienne des Israéliens et des Palestiniens. « Nous vivons dans un endroit chargé de tensions et d’émotions», explique-t-il, « j’aimerais que les gens réévaluent et repensent la façon dont ils perçoivent leur réalité. » L’image du soldat, qui résonne des deux côtés, lui permet d’interroger ses compatriotes. En l’associant à la symbolique du blanc, il crée une nouvelle icône, porteuse de questionnements, plus que de réponses.

Le soldat blanc opère à Jérusalem, Ouest et Est. Il se rend aussi dans les villes mixtes judéo-arabes, les implantations israéliennes et les villages palestiniens. Depuis ses débuts, plusieurs camarades ont rejoint son « unité ». Ils seront quatre à traverser Israël et la Cisjordanie en mai prochain. Les lieux, non choisis au hasard, sont des endroits désolés par la guerre et disputés par les deux peuples. Ce sont surtout des endroits qui ont jalonné son parcours personnel, de la colonie où il a grandi, aux villages où il a servi pendant son service militaire. « Trois ans de combats difficiles » résume-t-il, laconique. Un de ses amis pense qu’être un soldat blanc permet à Yuda de gérer son syndrome post-traumatique. « Il n’a peut-être pas tort » estime-t-il. « Le blanc évoque la purification. Mais ce n’est pas un processus réfléchi, raconte-t-il. Je n’ai pas eu envie d’être le soldat blanc. J’en ai eu besoin. » 

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