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Israël, carnet de bord & reportages

6 mai 2012

Jéru !

Les hommes la convoitent depuis des millénaires, et cette nuit-là, j’ai senti qu’elle m’appartenait un peu, à moi. Il est trois, peut-être quatre heures du matin. Je flâne dans la vieille ville déserte et endormie. La frénésie de la journée a laissé place à un silence mystérieux. Les pierres profitent de ce répit pour susurrer leurs histoires. Au fond d’une ruelle, des escaliers métalliques m’emmènent sur les toits. J’escalade quelques murets et m’installe face au Dôme du Rocher, lieu sacré de l’Islam. Sa coupole dorée tranche avec l’obscurité. Jérusalem semble respirer paisiblement, comme un enfant assoupi.     

J’ai débarqué fin janvier. Après avoir juré aux douaniers pour la troisième fois que non, je n’irai pas dans les Territoires Palestiniens pour qu’ils se décident enfin à tamponner mon passeport, j’ai posé mes valises au Jerusalem Hostel, une auberge de jeunesse un peu délabrée du centre-ville. Dans mon dortoir, je rencontre Joan, une américaine venue faire son aliya, une élévation spirituelle. Elle est persuadée de discuter avec Dieu, ce qu’elle fait nuit et jour. A leur arrivée, certains voyageurs se sentent investis d’une mission divine. D’autres sont convaincus d’être le Messie. C’est le syndrome de Jérusalem. Ici, les passions l’emportent sur la raison.

J’habite à l’Ouest, dans l’une des plus longues et des plus anciennes rues de Jérusalem. Jaffa. Mon chemin de pèlerinage pour atteindre la vieille ville. Sur la route, des bric-à-brac crachent de la musique répétitive, le tramway avale et rejette des flots d’usagers et les vitrines exhibent des pâtisseries alléchantes. Les boutiques de vêtements flashy tranchent avec les salons de coiffure vieillots. Je croise des ultra-orthodoxes, les haredim. Leurs silhouettes noires se détachent des pierres couleur crème. La plupart d’entre eux sortent de Mea Shearim, l’un des quartiers où ils se sont parqués et où le temps semble s’être arrêté. Le vendredi soir, les « Shabbes ! Shabbes ! » qu’ils jettent à la face des conducteurs impies arrachent momentanément le Shabbat à sa léthargie. Au milieu de la route, ils titubent, enivrés par leur foi. En me voyant, ils doivent penser que la société m’a pervertie. En les voyant, je me dis que la religion les emprisonne. Leurs enfants marchent à peine qu’ils ont déjà la tête recouverte d’une kippa et des papillotes plus longues que leurs petits visages. Je me demande jusqu’où cette éducation conditionnera leur vie.

Au bout de la rue, la vieille ville. La Tour de David et l’abbaye de la Dormition, où la Vierge Marie se serait endormie, s’élèvent par-dessus les murailles. Je m’engouffre par la porte de Jaffa et m’enfonce dans une ruelle dallée, encadrée de boutiques tenues par des vendeurs tantôt avenants, tantôt blasés. Des chapelets et des tissus bariolés flottent au-dessus des menoras et des kippas. Entre les « shalom ! » et les « salam ! », un vendeur de thé ambulant se faufile avec son plateau. Je lui emboîte le pas vers la porte de Damas, le côté arabe de la ville. Les épices répandent leurs senteurs exotiques, des hommes enturbannés marchent nonchalamment au milieu des piments, des olives et des choux-fleurs roses. Certains s’arrêtent devant une roulotte vétuste qui propose du sahlab, une boisson laiteuse à la cannelle et à l’eau de rose. Je me perds dans le quartier musulman. Derrière les portes entrouvertes, des jeunes tapent la balle, d’autres posent fièrement devant mon appareil. Abed, un commerçant bédouin dont les affaires ne semblent pas rouler très fort, m’invite à boire un café turc. J’écoute ses voyages et ses réflexions sur cette ville peuplée de gens que parfois tout oppose.

Les Arabes l’appellent Al-Quds, « la sacrée ». Lorsque l’appel à la prière s’échappe des minarets, les Musulmans se rendent à la mosquée, ou se prosternent quelque part, en direction de la Mecque. Parfois, les prières des Chrétiens franchissent les portes du Saint-Sépulcre et se mêlent aux chants envoûtants du muezzin. Le vendredi, une heure avant le coucher du soleil, une sirène retentit pour annoncer le début du Shabbat. Les Juifs pressent alors le pas jusqu’au Mur des Lamentations. Singulière cohabitation. Les hommes se croisent, se saluent, se défient ou s’ignorent. Un soir où je me balade dans la vieille ville, je m’arrête devant un concert de musique orientale. Face à la scène, des dizaines de jeunes arabes survoltés chantent et dansent. L’un d’entre eux attrape la main d’un haredim et l’entraîne au rythme de la derbouka. Dans la foule, les gens se sourient, complices de cet instant privilégié.

« Est-ce qu’il y a des coups de feu et des bagarres dans les rues ? » me demande un jour mon petit frère. Jérusalem est au cœur d’un conflit et pourtant, à l’Ouest, au milieu des bars et des restaurants, j’oublie le mal qui ronge le pays. Les anecdotes de mes amis me rappellent parfois à leur réalité. L’un évoque un attentat, l’autre me raconte ses années d’armée. Il m’explique amèrement ce jour où il a dû déloger une famille palestinienne, « pour l’entraînement ». A Silwan, un quartier arabe aux portes de la vieille ville, les drapeaux israéliens qui flottent sur les toits symbolisent la discorde. « Colonies » pour les uns, «  implantations » pour les autres. Même les mots se font la guerre. Mais Jérusalem-Est dissimule ses tourments derrière l’effervescence de ses rues et son bouillonnement. Devant la porte de Damas, les effluves de grillades évoquent la douceur des soirs d’été. Derrière la fumée, les enfants rient aux éclats.

 

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2 mai 2012

Un cœur pour la paix

Grâce à l’association « Un cœur pour la paix », une cinquantaine d’enfants palestiniens est sauvée chaque année en Israël.

En juin 2005, Muriel Haim, médecin juive française, lance l’association « Un cœur pour la paix ». Le but : sauver gratuitement les enfants palestiniens atteints de malformations cardiaques. Cette anomalie du cœur touche trois fois plus de personnes dans les Territoires Palestiniens que dans la population générale à cause de mariages consanguins. Une intervention coûte 14 000 euros, une somme généralement trop coûteuse pour les familles palestiniennes. Depuis sa création, l’association cofinance donc chaque semaine l’opération d’un enfant malade grâce aux 300 000 euros qu'elle récolte chaque année. L'autre moitié est financée par l'hôpital Hadassah de Jérusalem, où sont pris en charge les jeunes malades. Même dans les périodes de tension, un enfant palestinien est transféré chaque semaine des Territoires à Jérusalem, et sauvé par une équipe mixte de médecins israéliens et palestiniens. 

« Un cœur pour la paix » n’a pas de but politique mais favorise l’échange et les liens entre les deux peuples.  « A l’hôpital, nous avons un ennemi commun : la maladie, explique Jean-Jacques Rein, chef du service de Cardiologie pédiatrique de l'Hôpital Hadassah et responsable du projet. Ici, il n’y a pas de frontières. » Depuis les débuts de l’association, plus de quatre cents vies ont été sauvés. « Quatre cents enfants palestiniens, ce sont quatre cents familles. A leurs yeux, nous ne faisons plus figure de démons » poursuit-t-il. 

Dans le judaïsme, le degré premier de la charité consiste à éviter que la personne que l’on aide ne devienne dépendante. La formation d’une équipe médicale palestinienne est l’une des priorités de l’association. Quatre médecins palestiniens et plusieurs techniciens ont bénéficié des enseignements de l’équipe du Docteur Rein. A terme, l’équipe formée devra être en mesure de prendre en charge les enfants de la moitié nord de Cisjordanie. Le but est que les Palestiniens acquièrent leur propre autonomie, du matériel performant et un centre de cardiologie pédiatrique. Cette année, après validation des autorités Palestiniennes, un dispensaire doit ouvrir à Ramallah, grâce aux financements d’« Un cœur pour la paix ».

Plus d’infos ici : http://www.uncoeurpourlapaix.org/fr/

24 mars 2012

Un dimanche à Jéru

(Avec un peu de Ramallah)

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19 mars 2012

Peace & love

Ces derniers temps, la tension s'est accrue entre Israël et l'Iran au sujet du programme nucléaire de ce dernier. Bien qu'une attaque préventive de l'Etat hébreu semble peu probable, une véritable guerre se joue sur le front médiatique. Sur la toile, c'est pourtant un grand élan d'amour qui rapproche les deux peuples. Deux Israéliens, Ronny Edry et Michal Tamir, ont lancé un site et une page Facebook Israël loves Iran, où ils incitent les internautes des deux pays à poster des photos bardées du slogan  "Iraniens/Israéliens, nous ne vous bombarderons jamais, nous vous aimons". 

ronny

"Je n’ai pas peur de vous, je ne vous hais pas. Je ne vous connais même pas. Je vois parfois ici, à la télé, un Iranien. Il parle de guerre. Je suis sûr qu’il ne représente pas tous les Iraniens. » Ces mots presque naïfs, Ronny Edry les adresse aux Iraniens, sur son siteLassé des tensions diplomatiques entre les deux pays, ce graphiste de Tel-Aviv a décidé de lancer avec sa femme un message d'amour et de paix à ses voisins perses. Pour atteindre des personnes qu'ils ne pourront peut-être jamais rencontrer, les deux israéliens créént sur Facebook le groupe Israël loves IranIls y postent une photo flanquée de ce slogan  "Iraniens, nous ne vous bombarderons jamais, nous vous aimons" puis incitent leurs compatriotes à en faire autant.

Alors que l'Iran a averti aujourd'hui qu'il riposterait à toute attaque israélienne, les explications de Ronny permettent d'imaginer l'impact que cette escalade de déclarations peut avoir : "Lorsque vous entendez constamment parler de menaces et de guerre, vous devenez tellement stressés et effrayés que vous vous renfermez dans une sorte de coquille. Vous commencez à penser :Quelle chance nous avons d'avoir la bombe ! Et quelle chance nous avons de pouvoir attaquer en premier ! A un moment, je me suis dit : Pourquoi ne pas essayer d'atteindre l'autre côté, voir si les Iraniens me haïssent vraiment?"

A peine quarante-huit heures après la publication de leur photo, ils reçoivent les premières réactions iraniennes. "Nous vous aimons aussi. Vos mots nous parviennent malgré la censure" leur écrit un internaute iranien. Depuis, Israéliens et Iraniens ont posté des centaines de photos et commentaires d'amitié et de tolérance. " Les Iraniens et les Israéliens partagent une ascendance commune et, étonnamment, ont même un pool génétique similaire !" s'amuse ainsi un internaute sur le site. Parmi les messages, quelques uns évoquent la méconnaissance des deux peuples, que seuls deux pays séparent. Comme pour raviver une vieille amitié soumise à rude épreuve, certains évoquent les liens historiques qui les unissent. "Les Iraniens étaient Zoroastriens avant que les Arabes n'envahissent la Perse il y a 1400 ans. Le Zoroastrisme et le Judaïsme ont des racines et des idéologies très proches" précise ainsi un internaute.


iranloves

Taxée de simpliste et de naïve par certains, l'initiative émeut plus qu'elle ne fait railler. A lire les commentaires, il semble que beaucoup semblaient attendre la possibilité de traverser les frontières de la propagande pour parler à leurs voisins, tout simplement.

(Et, bien sûr, qui dit internet dit chat et détournement ) :

israelcat

17 mars 2012

Le comédien dell’ar…mée

L’artiste israélien Yuda Braun parcourt depuis 2009 Israël et les Territoires Palestiniens en uniforme de combat totalement blanchi. Une manière de questionner les habitants sur leur environnement et d’extérioriser son propre passé.

« L’art vaincra où la politique a échoué ! » lance Yuda Braun à propos du conflit israélo-palestinien. Depuis trois ans, cet artiste de 27 ans se barbouille régulièrement le visage et se teint les cheveux en blanc. Il revêt son ancien uniforme de soldat monochrome, dégaine son M16 en plastique et va « patrouiller » dans les rues de Jérusalem, d’Israël et des Territoires Palestiniens. Des performances qu’il réalise pour « confronter les gens à la complexité de leur environnement et à l’absurdité d’un quotidien façonné par la peur. »

Le soldat arpente les rues, le visage grave et sérieux, ou se poste contre un mur, l’arme factice au poing. « Je ne parle que très rarement », précise-t-il. « Le dialogue est  basé sur les émotions. » Les passants l’observent, rient, prennent des photos. Certains le suivent, d’autres s’énervent. Côté palestinien, ils s’interrogent. « Etes-vous de notre côté ? Etes-vous un soldat de la paix ? Pourquoi avez-vous une arme ? » Yuda ne répond pas, pour les laisser réfléchir. « Les forces de l’ordre sont les plus apathiques » s’amuse-t-il. Provocateur, il leur demande parfois une pièce d’identité et les surprend d’un « Qui est le vrai soldat ici ? »

Dans les rues, les restaurants, les bus, les jeunes militaires, mitraillettes en bandoulière, sont partout. Des silhouettes vertes qui ne questionnent plus et qui, aux yeux de Yuda,  symbolisent la violence de la vie quotidienne des Israéliens et des Palestiniens. « Nous vivons dans un endroit chargé de tensions et d’émotions», explique-t-il, « j’aimerais que les gens réévaluent et repensent la façon dont ils perçoivent leur réalité. » L’image du soldat, qui résonne des deux côtés, lui permet d’interroger ses compatriotes. En l’associant à la symbolique du blanc, il crée une nouvelle icône, porteuse de questionnements, plus que de réponses.

Le soldat blanc opère à Jérusalem, Ouest et Est. Il se rend aussi dans les villes mixtes judéo-arabes, les implantations israéliennes et les villages palestiniens. Depuis ses débuts, plusieurs camarades ont rejoint son « unité ». Ils seront quatre à traverser Israël et la Cisjordanie en mai prochain. Les lieux, non choisis au hasard, sont des endroits désolés par la guerre et disputés par les deux peuples. Ce sont surtout des endroits qui ont jalonné son parcours personnel, de la colonie où il a grandi, aux villages où il a servi pendant son service militaire. « Trois ans de combats difficiles » résume-t-il, laconique. Un de ses amis pense qu’être un soldat blanc permet à Yuda de gérer son syndrome post-traumatique. « Il n’a peut-être pas tort » estime-t-il. « Le blanc évoque la purification. Mais ce n’est pas un processus réfléchi, raconte-t-il. Je n’ai pas eu envie d’être le soldat blanc. J’en ai eu besoin. » 

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11 mars 2012

"Le saviez-vous ?" : Jéricho

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Jéricho, en Cisjordanie, est considérée comme l'une des plus anciennes villes du monde à être restée habitée depuis sa fondation.
C'est la ville la plus basse de la planète ( 260 mètres en dessous du niveau de la mer).
Elle aurait été offerte par Marc-Antoine à Cléopâtre en 35 avant J-C en guise de cadeau de mariage.

Le centre ville consiste en une place centrale d'où s'échappent plusieurs rues colorées et animées. 

Non loin du centre, se trouve l'arbre de Zachée, un sycomore qui aurait plus de 2000 ans. Zachée est un personnage du Nouveau Testament qui y aurait grimpé pour voir Jésus. De son arbre, Zachée a effectivement vu Jésus, car croyez-bien qu'en 10 000 ans, il s'en est passé des choses ! 

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A quelques kilomètres de là, le site archéologique de Tel es-Sultan laisse entrevoir les vestiges de la ville la plus ancienne du monde (quelque 10 000 ans). Je cite le Lonely Planet : "il vaut la peine de s'y rendre pour flâner, en méditant sur ces hommes de la nuit des temps..." Même avec beaucoup d'imagination, ma tentative de reconstitution s'est soldée par un échec : 

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En face, le Mont de la Tentation domine la vallée du Jourdain, la mer Morte et les montagnes de Jordanie. A l'endroit où Jésus aurait été tenté par le diable se dresse le monastère grec orthodoxe de la Quarantaine. 

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(Insolite ce petit côté Val d'Isère...)

Dans les rues, les enfants jouent, conduisent leur troupeau de chèvres ou tiennent des stands de produits divers. La musique arabe diffusée dans les haut-parleurs anime les cafés où de jeunes hommes boivent tranquillement leur café et fument un narguilé. Les femmes voilées font leur courses et les papis s'endorment, terrassés par la chaleur (oui, oui, c'était presque la canicule!)

 

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4 février 2012

'Haïm

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29 janvier 2012

Sépia

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28 janvier 2012

Souk

Les enfants rient, de sérieux orthodoxes tout en noir croisent des femmes voilées, des hommes jouent sous l'oeil curieux des touristes et de jeunes commerçants attendent le client, impassibles sur leurs chaises. Un vendeur de thé ambulant passe de boutique en boutique et sert son breuvage d'une main de maître, évitant les hommes qui poussent des chariots et se fraient tant bien que mal un passage dans toute cette agitation. Des shalom et des salam s'échangent dans ces rues couvertes, bondées, à ciel ouvert, calmes, sombres ou désertes.
Les tissus bariolés suspendus scintillent et s'envolent. Les kippas, les chapelets et les Menorah s'entassent et semblent n'avoir plus aucune signification à côté des derboukas, des sacs et des bijoux soigneusement présentés. A l'angle d'une ruelle, une caverne d'Ali Baba, un vieux couturier ou un barbier.
Partout, des étals de viande, de légumes, de fruits, de patisseries orientales et des épices dont l'odeur chatouille les narines. Dans les coins se postent des roulottes un peu vétustes où se prépare le Sahlab, délicieuse boisson laiteuse, à l'eau de rose et à la cannelle, saupoudrée de noix de coco, de cacahuètes, de pistaches ou de raisins secs.

 

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26 janvier 2012

(Vieille ville)

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